Contrôles Orientés - #3 Parenthèse
CONTRÔLES ORIENTÉS – 31 août 2016, minuit et pas le temps de se retourner: un mail m’informe que mon DS a vendu Andriy, mon Andriy! Un ailier de poche ukrainien, un diamant poli pendant de longues heures de jeu, une pépite qui a porté mon équipe jusqu’aux sommets de L1 et envoyé le Pau FC en coupe d’Europe.
Enfin, c’était ma pépite. Désormais, j’ai une équipe boiteuse, incapable d'être à la hauteur des ambitions présidentielles et mon poste est menacé. Impétueux, je quitte Football Manager.
J’éteins l’ordinateur et reviens un soir de 2007. Fin de la réalité virtuelle dans laquelle je peux faire briller mon Pau FC. Retour dans un monde où mon équipe n’est qu’un club moribond de National avec comme seule distinction et seul avenir d’en être le doyen. Une décennie que je supporte un club qui va bientôt basculer dans le purgatoire amateur. Dix années d’espoirs, souvent lointains, toujours vains, d’une improbable montée en L2. Mais avant de me plaindre, je pense à ceux qui rêvaient déjà de D2 en usant les bancs d’Ousse des Bois ou aux faux espoirs de l’ère Pitoun qui frôla le Graal à la Duchère pour n’y gagner qu'une faillite. Pau est en 3e division, Pau est à sa place. Notre réalité, c’est d'affronter des Cherbourg, des Besançon devant 1000 pelés dans un Hameau qui sonne creux.
AVANCE RAPIDE. Un triste soir de descente à la Bocca, 8 saisons au purgatoire, deux montées en 5 ans et le Graal enfin. 5 nouvelles saisons et 5 maintiens, parfois à l’arraché. STOP. LECTURE. 2025, octobre. Le Pau FC est un club pro, un vrai. Le fantasme est devenu réalité. Mieux, avec notre départ de rêve et un podium provisoire, le réel embrasse le féérique.
S’il a fait sa place dans le monde professionnel, le Pau FC l’a aussi faite en ville: on s'affiche, on porte les maillots, parce qu'ils sont élégants, et parce qu'on a pas pris 4-1 à Louhans Cuiseaux le week-end précédent. Maillots poulets de Bresse contre maillots poulets du Gers, c'est finito. On a notre stade, on y bat les Girondins, Metz ou le Stade de Reims quand Sessi ne climatise pas le Chaudron.
Le Pau FC est devenu un vrai club mais le luxe est une habitude facile à épouser. Jouer à Marcel Picot, Le Basser ou Furiani, recevoir Guingamp ou Amiens perd de sa transcendance. Et le public palois, pourri gâté, traîne des pieds pour remplir le Nouste. Pourtant ces saisons ne seront peut être qu’une parenthèse enchantée dans l’histoire de notre club. Alors de grâce, contrariez vos habitudes, savourez ces soirées de Ligue 2, ses jeunes insouciants et son coach pétillant. Profitez, rêvez éveillés et, si besoin, un jour, on relancera Football Manager.
Publié avant la réception de l'USL Dunkerque.
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Écrit par Alexandre.
Publié le .