#2 Le Pau FC est-il un révolutionnaire?

CONTRÔLES ORIENTÉS – Pour Jacques Ellul, et l’on s’excuse déjà de devoir citer un auteur bordelais, le conservatisme se caractérise comme “un certain refus de l'histoire -envisagé comme négation du changement social- et la référence à des valeurs éternelles prises comme références immuables”.

On boit une gorgée d’Ogeu pour faire passer les mots de trois syllabes et on se demande: réputé conservateur, le championnat de deuxième division laisse-t-il suffisamment de place à la subversion? Et quel rôle le Pau FC se permet-il d’y jouer?

Un coup d'œil rapide au calendrier permet d’emblée de tempérer tout enivrement. Du Laval, du Nancy, du Le Mans, du Troyes, ça sent le football, certes, mais aussi le salon du livre dans un Parc Expositions mal chauffé dont le nom rend hommage à un politique local condamné pour malversations dans une affaire d'ameublement de salles de réunion. La situation financière, elle, évoque l’Angleterre des années Thatcher quand, sur le pré, les schémas défensifs répondent aux sonorités années 2000 d'entraîneurs d’un football dépassé, les Correa, les Santini… C’est pas Jacques..? Au temps pour nous. Par contre c’est bien Pablo Correa. 

La L2 est-elle toujours ce championnat raillé pour la piètre qualité de ses attaquants, la rugosité de ses centraux, le sens du sacrifice de ses milieux de terrain? Si la présence de Nicolas Pallois dans les rangs du Stade de Reims n’aide pas au développement de notre propos, rien n’est pourtant moins sûr. Mais c'est un monde dans lequel les petits parviennent à trouver une place. Prenez Giovani Versini par exemple… De l’avis général, c’est un championnat où tout le monde a appris à battre tout le monde, surtout si vous jouez Bastia. C’est une société dans laquelle l'ascenseur social fonctionne. Un paradis où Dunkerque participe à la phase d’accession, où Rodez truste le haut du tableau, où Caen paye le tribut d’une gestion archaïque, où Bordeaux, ah, non. 

A Pau, comme chez les autres “petits”, nous faisons le choix du progressisme, nous préparons, sous nos airs modestes, une révolution douce, où l’utopie prend forme: un championnat où la victoire importe moins que la possibilité de continuer à jouer l’année suivante. A Pau, on ne change pas, on change le monde.

 

Publié avant la réception du Clermont Foot 63.

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